Le "jeunisme" est l'ennemi du jeune.
Cette démarche regroupe d'un côté, la drague vulgaire dont les
publicitaires et les politiques nous dispense au quotidien, sous couvert
d'un certain respect, d'un paternalisme bienveillant, d'une écoute attentive,
de l'autre la nostalgie pathétique de nos parents pour leur jeunesse: on
nous transforme en véritable classe sociale à part entière, avec ses codes, ses
cultures, à qui l'on ne s'adresse pas n'importe comment, qu'on la rejette ou
qu'on la convoite.
En ce qui concerne nos ainés: regretter sa jeunesse, si tant est que celle
ci se soit bien déroulé, c'est quelque chose de normal et d’intemporel, aussi
bien au niveau d'une seule personne que de l'humanité tout entière.
A l'échelle de la société Capitaliste, si celle-ci met tant
d'effort à nous comprendre, ou du moins à nous faire croit qu'elle comprend ce
que c'est que d'être jeune (le goût de l'expérience, de la curiosité, le bouillonnement
intellectuel et émotionnel que cela représente) c'est pour l'assimiler en son
sein pleinement, en avoir le contrôle et en être l'abri de tout débordement; en
agissant de façon pernicieuse, sous-jacente, dissimulé, de ces manières
discrètes et vicieuses qui la distinguent tant des régimes totalitaires par
exemple, qui eux n'ont pas compris qu'à force de coller des claques aux gens, ils
finissent par les retourner un jour ou l'autre.
Aujourd'hui, un adolescent c'est une personne aux cheveux tristement ras, et
quelques fois encore long et gras,au
regard blafard dans lequel brille la lueur d'une réflexion aussi froide que la
lumière de nos écrans plats, et tout le monde semble s'en satisfaire.
Plus de folie douce ou d’irrévérence, ou bien sous vide, dans les limites
des normes « projet x » et autres « skins » : du
prémâché culturel, à en croire les soirées à thèmes et les modes qui en
découlent.
Ces comportements qui caractérise les 15/25 ans incarnent des valeurs tel
que le matérialiste et un hédonisme égoïste outrancier, chose que l’on retrouve
étrangement comme étant un des fers de lance de la pensée Capitaliste, si ça
n’est pas un signe que nous ne sommes plus dangereux, dans le sens ou nous ne
risquons pas de remettre en cause l’ordre établi…
Les musiques de jadis étaient d’abords porté par les foules avant de séduire
les producteurs, dorénavant ce sont eux qui servent directement aux masses la
soupe que l’on se doit d’avoir entre nos deux oreilles.
La jeunesse occidentale du XXIème siècle, connue pour son alcoolémie, a
définitivement remplacé le bichoco de 4h que papi et mami avait droit, après la
guerre, entre deux numéros mensuels de « salut les copains », par le
magnum de rouge trempé dans un bol de vodka en plein zapping sur le net, et
pense ainsi s’être affranchi de toutes les contraintes morales et tabous
stupides, liberticides, qui pouvaient encore emprisonner nos parents par le
passé.
Toutefois, elle se saoule d’une façon aussi fade que violente. Elle a beau
tomber les litres qu’elle voudra, elle est incapable de prendre plaisir au
tressaillement excitant du « vin de la jeunesse », comme disent les
poètes, celui là même qui fit soulever les pavés parisien par les jeunes cons
de 1968, curieux de voir s’il n’y avait pas un bout de plage qui trainait par
là pour s’y rouler à poil avant de manger du CRS.
Nous ne sommes pas révolutionnaires.
Tout juste bon à s’indigner, parce qu’un ancien qui n’a rien inventé nous
l’explique en 30 pages, alors que l’on ne compte même plus les raisons qui nous
entourent au quotidien pour, non pas se contenter de faire des campements sur
des places boursières et des fausses manifs de droite, mais bien de mettre le
monde à l’envers.
Karl Marx n’a plus le monopole de la barbe : aujourd’hui pour certains
d’entre nous, embrasser la religion c’est une façon de défier la société.
La révolution sexuelle se passe sur youporn.
Tout comme endosser un uniforme, qui est une manière de se démarquer par la
force et la discipline, d’un monde aliéné.
« Bref », c’est juste l’histoire de quelqu’un qui raconte bien le
fait qu’il ne se passe rien dans sa vie, et ce type devient une référence
culturelle.
Cerise sur le gâteau des symptômes de notre cancer généralisé : le
portable, nouveau meilleur-ami-de-l’homme après le chien et le chat. Petit
objet indescriptiblement détestable qui a le luxe de nous faire chier partout
alors que les animaux de compagnies, eux au moins, comprennent toujours au bout
d’un moment qu’il y a des endroits spécifiques pour ça.
Nous sommes nés dans les gravats de la chute du mur de Berlin à la fin des
années 80, notre enfance fut l’âge d’or du Capitalisme, avec les années 90 et
les joies de la mondialisation.
Puis nous sommes entrés dans l’adolescence parmi les décombres du World
Trade Center, et à un âge où l’on commence à former notre propre morale ainsi
que notre conscience sociale, nous avons eut comme exemple des gens se
contentant de regretter d’avoir élu comme président pendant 5 ans un homme dont
on ne soupçonne peut être pas les conséquences de ses agissements dans le temps
et qui aurait amplement mérité qu’on le detrône plus d’une fois.
si l'on a déjà du mal à imaginer à quoi pourrait ressembler un 3ème âge de
classes moyenne, couvert de "tribal", percés, et se déhanchant lors
des goûters du samedis après midi sur du booba, de la hard-tech ou du
métronomie pour les plus pausés, il paraît difficile de concevoir la vieillesse
des enfants que nous aurons.
Par ailleurs, l'appellation "génération Y" n'est pas des plus
rassurantes, car si pour certain Y vient du fil de nos écouteurs qui pend de
nos deux oreilles, pour d'autres c'est la suite logique de la génération X,
celle des années 80, et cela voudrait dire donc que celle qui nous précédera
sera la dernière...
Peut être que cette détermination alphabétique est une énième preuve que les
illuminatis, les juifs ou les franc-maçon se servent du dictionnaire pour
contrôler le monde en ayant prévu la fin de la civilisation d'ici une
cinquantaine d'année, ou peut être n'est ce en effet qu'un obscur coup
d'inspiration lettré de sociologues désemparés (William Strauss et
Neil Howe en l'occurrence) face aux comportements de plus extrêmes de la
jeunesse occidentale aux sortir de la béatitude de l'âge d'or des années 50/60
et 70 (les trente-glorieuses chez nous), en tout ce cas, ce qui est sûr et ce
qui nous caractérise pleinement, nous les 15/25 ans des années 10, c'est qu'en
soit, on se fout de tout ça.
Pour ceux qui se pauserait encore la question : avoir 20 ans aujourd’hui
et se battre pour changer le monde ne
consiste en rien d’autre que de préserver sa dignité, et de sauver les meubles,
ce qui n’est déjà pas si mal.
Le Capitalisme, ennemi de la démocratie, a vaincu en nous acculant à la
résistance et en nous mettant dans l’impossibilité de changer l’Histoire d’une façon
raisonnable : 7 milliards d’être humains à accorder semble déjà être une
chose difficile, lorsque ceux d’entre eux qui pèsent le plus de poids en terme
de moyen dans la prise de choix pour notre avenir se considèrent comme de
simples marchandises et l’assument pleinement (à en croire le succès des émissions de télé-réalité),
ça tient de l’ordre du fantasme.
Comme la Nature elle-même commence à nous faire sentir la gène qu’on lui
impose, ce sera d’une façon violente, en jouant le jeu de la sélection
naturelle au sein même de la nature Humaine, que les choses évolueront.
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