samedi 17 septembre 2011

Lieux communs 1. Le fond de l'âme et le métro.


Il s’agit d’une station de métro à peu près propre, de bon matin, dans une ville qui compte plusieurs siècles au compteur.

 A peu près propre, parce que, vous vous en doutez, il faut toujours qu’il y ait dans un coin quelques ordures et une cloche.

 Qui, Qui que vous soyez,

Lorsque vous sortez d’une promotion, au minimum moyenne, d’une des classes de l’école de la vie, agrégée par votre société,

 Vous considérez comme sale (la cloche), avant de savoir le pourquoi du comment,
C’est normal et c’est comme ça.



***
A 6h30 approximativement, quelqu’un que vous avez sûrement déjà croisé,
Appelons la Bobonne, maman, Djamila ou martine,

Ménagère de son état…dans le sens où elle les fait, les ménages,

 Décide d’emprunter une des artères souterraines du paysage urbain qu’elle habite.

 Comme elle part du principe que si tout le monde resquillait le métro,
Et bien comment ferait-il pour rouler cet engin là ?
Elle paye son billet

 Et comme elle part du principe que,
Si personne ne leur donnait jamais rien, comment ferait-il pour manger ceux là ?
Elle donne, machinalement, la pièce à la cloche.



***

 Mais ce matin là, comme beaucoup de matin de littérature, n’était pas comme les autres.
Allez savoir si c’est parce qu’il n’était pas comme les autres qu’elle pensa ce qui suit, ou si c’est parce qu’elle se dit cela qui fit de ce matin,

 Un pas comme les autres…

 Dieu ou personne, seul le sait.
Peut être parce que d’habitude, elle n’avait pas le temps de penser.

 Et donc elle se dit :

 «Est-ce qu’un jour peut être, je le récupérerai d’une façon ou d’une autre ce que je donne ?»

 Elle avait le visage de celles qui ont enfanté plus d’un ingrat(e),
Buriné au possible,
Les yeux las de ne voir que des sols à frotter qui, les mains dans les poches, s’avachissaient jusqu’aux joues.
En plus elle était mal habillée.

 Elle était une de ces anonymes qu’on ignore à l’année, puis qu’on sollicite pour la saison d’une élection.
En plus d’être humaine, elle était femme et petite, ce qui en soit ne signifie pas grand-chose,
Mais elle y trouvait là une raison de plus pour s’excuser d’exister.



***
Il y avait quelque part vers le fond de la rame, un étudiant en quelque chose, et celui-ci avait une très forte envie de s’exprimer.

 Il n’avait l’air de rien,
Sous son teins gras post-acnéique, aux cheveux mi-longs et ridiculement disposés de façon bordélique, avec soin.
Il avait aussi de grands yeux beaux de jeune, mais mis clos, pour cause de condescendance.

 Il n’avait l’air de rien,
mais entre ses deux oreilles qu’il avait larges pour bien s’imprégner du monde qu’il l’entoure, la machine bouillonnait, tournait à plein régime.

 Il savait des choses, il les avait apprises à l’école. Il savait pourquoi les riches l’étaient, et les pauvres non. Il savait pour quelles raisons dieu n’existait pas, mais aussi pour lesquelles il existerait, si un jour c’était le cas.

 Et il avait vu la scène,

 De la dame un peu moche là bas, qui avait donné la pièce à cette victime du système, et ça l’avait fait cogiter, encore plus que d’habitude, car lui, il en avait le temps.





***
Il n’eut pas besoin de prendre son courage à deux mains, avec un peu de prétention, on adresse la parole à qui on veut.

 Il alla voir la dame et lui dit :

« Vous savez ce que De Tocqueville a dit de la démocratie ? C’est certes un très bon système, mais il a des failles ma pauvre, méfiez vous en…savez vous qu’il existe des extraits choisis du capital de Marx en librairie, vous n’êtes pas obligé de le lire intégralement ainsi ! Quelques festivals et autres modestes évènements sont parfois organisés, où pour une légère contribution, vous pourrez redéfinir la pensée altermondialiste autour de gâteaux de riz faits maison ! Mais êtes-vous de droite ?

Peut être êtes vous une de ces personnes qui ont voté Sarkozy et le regrette aujourd’hui…
Bah…Carla Bruni est de gauche après tout, à ce qu’il paraît ! »



***
Bobonne, ou bien mémère si vous préférez, ne comprenait pas bien.

Pour une fois qu’un beau garçon lui adressait la parole, c’était pour débiter les trucs qu’il y a sur Arte, quand elle y zappe pour attendre que la pub de « plus belle la vie » soit passée.

 C’était pourtant bien parti, sa vie aurait pu changer,
Il y avait d’abords eut cette pensée profonde mais fugitive, et maintenant cet éphèbe qui voulait changer les choses…

 Il aurait pu au moins lui parler de la pluie et du beau temps,
Ça elle connaissait, c’est du concret.



***

Et la cloche, que pensez-vous qu’elle fit, lorsque les portes des wagons furent fermées et la machine partit dans le couloir obscur de la vie active ?

Elle alla éponger ses idées noires avec du blanc premier prix,
Qu’auriez vous voulu qu’elle fasse d’autre ?






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